« Cornillon, ses Seigneurs, ses Prieurs, ses Vicaires et ses Curés » - Chanoine ROMAN.
Archives du Gard - E 465
« Eglises romanes - Habitat traditionnel » - M. ESCHALIER - R. CLAP.
« Rhodanie » Mars 2003 — Article de L. MENJAUD.
Dictionnaire du Diocèse de Nîmes - Abbé GOIFFON
Avant la Révolution de 1793, le village de Cornillon faisait partie du Diocèse d’Uzès. Prieuré-Cure du titre de Saint-Pierre, et se révélait être le chef-lieu d’un doyenné comprenant seize paroisses.
L’Eglise était située dans le bas du vieux village, près du cimetière (un pan de muraille, surmonté d’une croix, en atteste).
Au milieu du XVIème siècle, les guerres de religion n’épargnèrent pas Cornillon, mais la destruction de l’Eglise ne fut pas due uniquement aux conséquences de celles-ci, car on possède une délibération de la communauté qui décidait, le 11 mai 1550 de contraindre le prieur Jacq de Bozène à réparer ce monument qui « s’en va ruyné et démoli, y pleuvant de partout. » On substitua à l’Eglise en ruines, la chapelle du château dont le mur externe est formé par les remparts.
Son origine remonte donc au XlIIème siècle, mais son aspect actuel n’a absolument plus rien à voir avec celui de cette époque. Sa voûte primitive était ogivale, ainsi que ses baies, dissimulées aujourd’hui par le niveau de sa nouvelle voûte à plein cintre, établie de 1829 à 1830, en même temps que la tribune.
Une petite croix en relief sur la clef de l’arceau du milieu de la nef indique un caveau tumulaire sous la direction de sa ligne perpendiculaire : des travaux déjà anciens ont révélé en ce lieu le tombeau des Seigneurs de Cornillon.
Quelques objets mobiliers de l’Eglise sont classés à l’inventaire supplémentaire à la liste des biens mobiliers ; en voici la liste :
1. Les fonts baptismaux : cuve à godrons sur pieds, pierre.
2. Un fragment d’un bas-relief avec deux personnages, pierre, époque Gallo-Romaine (inséré dans une muraille de la petite chapelle en haut, à gauche).
3. Un siège de célébrant en bois sculpté XIXème siècle (dans le chœur).
4. « Tu es Petrus » toile cintrée avec son cadre XIXème siècle (au-dessus de l’autel).
Autre curiosité : près de la porte d’entrée, à l’intérieur, à droite, se trouve une pierre tombale enchâssée dans le mur portant des inscriptions, une tête de mort, et une couronne seigneuriale, sans doute dressée dans cet endroit inattendu après avoir été déplacée en raison de travaux de maçonnerie.
Le sous-sol de la sacristie recèle également un tombeau.
Pour la petite histoire, nous évoquerons ici une grande figure qui domina la vie religieuse de la paroisse, si perturbée, pendant la Révolution. Cette grande figure dont le souvenir demeure vivant dans les mémoires, est celle de l’Abbé MENJAUD, alors vicaire de l’Abbé PAGEZE de LAVERNEDE, Curé en titre.
Ces deux prêtres refusèrent (ou s’ils le firent, ce fut avec des restrictions qui le rendaient nul) de prêter serment à la constitution civile du clergé.
Les deux hommes furent remplacés par un nouveau Curé Joseph FRACH qui, lui, prêta serment le 12 Juin 1791. Pierre MENJAUD se retira dans son village natal (Aramon où il est né le 14 Août 1764 ...)
Très vite, pour échapper à l’arrestation et à la déportation, notre Abbé va quitter la France, comme l’ont fait 25 000 prêtres à la même époque. Il gagna Nice et l’Italie. Après la chute de Robespierre, la terreur se relâche et la liberté du culte étant rétablie, l’Abbé MENJAUD revient à Cornillon et, à la grande joie de ses paroissiens, reprend ses fonctions spirituelles.
Mais le coup d’Etat de Septembre 1797 amène le retour des persécutions, la loi visant les prêtres réfractaires est rétablie et on impose aux prêtres un nouveau serment : refus de l’Abbé MENJAUD qui vit désormais sous la menace d’une déportation en Guyane. Heureusement, il trouve refuge chez des habitants de toute confiance ; il se cache dans leur maison et peut y célébrer clandestinement la messe ...
Un jour, il est dénoncé, mais averti à temps par son délateur pris de remords, il peut s’échapper, déguisé en rémouleur et se réfugier dans une grotte que l’on nomme « le trou du vicaire » ; elle est située au nord-est de Cornillon. Une autre fois, il prend l’apparence d’un berger afin de se soustraire à ses poursuivants.
Pierre MENJAUD restera toujours fidèle à sa paroisse ; il refusera la cure de Bagnols et celle de St Baudile à Nîmes. Il meurt à Cornillon d’une congestion cérébrale le 4 Octobre 1830. Sa tombe se trouve dans le cimetière du village où il exerça son ministère durant 40 ans avec les interruptions dues aux péripéties que l’on sait.
Pendant les dernières années de son ministère, il avait instruit et formé son petit cousin Alexis MENJAUD, si bien formé, que ce dernier devint, par la suite, évêque de Nancy et de Toul, archevêque de Bourges, Primat des « Aquitaine ».
Il n’oublia jamais son village natal, Chusclan, ni celui de Cornillon, où il avait passé, disait-il, les plus belles années de sa vie. On lui doit, de splendides ornements sacerdotaux, parmi lesquels, une chasuble, deux dalmatiques et une chape provenant de la chapelle impériale, où il officia en tant que premier aumônier. Cette parure, fut envoyée du Palais des Tuileries, le 7 Mars 1856, par le Secrétaire Général, Ch. OUIN LA-CROIX.
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Qui dit Eglise dit « clocher » ; aussi nous pouvons relever que le 6 Juillet 1820, le Curé MENJAUD assiste avec son vicaire l’Abbé Chauvin à la bénédiction de la cloche paroissiale, entouré des prêtres du secteur et d’une grande assistance. Au son de cette cloche, s’écoulent les jours, les mois, les années ... et notre église est toujours là, témoin de tant d’événements de la vie des habitants : bonheur, malheur, nostalgie ... tant que la porte en sera ouverte et les murs solides, le village gardera son identité et sa mémoire.