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Cornillon : cité d’histoire

(Jean-Claude PIGOT)

CORNILLON tire son nom d’une famille gallo-romaine : les CORNELLI dont on trouve la trace à UZES après la mort de l’Empereur AUGUSTE (14 après J.C.), installée dans un grand domaine rural situé à la Vérune. Empereur Auguste Néanmoins, la première mention jusqu’alors connue de Cornillon remonte à 1121 : « CASTRUM de CORNILIONE » dans la Galla Christiana, faisant référence à la présence d’un premier château.

A l’époque, cette seigneurie dépend des Comtes de Toulouse et des évêques d’Uzès et appartiendra ensuite à différents seigneurs – jusqu’au milieu du 14ème siècle – pour être finalement acquise par la famille de BEAUFORT au moment où la papauté s’installa en Avignon.

Guillaume de BEAUFORT était le frère du Pape Grégoire XI et s’installe à Cornillon en 1376.

Le château connait alors un premier agrandissement pour comprendre alors une quarantaine de pièces, deux chapelles et une grande tour-donjon de 6 niveaux. C’est près de cette tour que mourut Guillaume de BEAUFORT dans une chambre à feu (pièce chauffée par une immense cheminée). Il laisse une veuve, Catherine de la GARDE de MONTAL et un enfant de 10 ans, Raymond Vicomte de VALERNES.

L’inventaire de ses biens réalisé le 4 mars 1380 révèle de fabuleuses richesses (et reste l’un des documents les plus précieux concernant l’histoire du château) comme :
- Vaisselle d’argent,
- Objets d’art,
- Tapisseries,
- Archive,
- Reliques,
- Curiosités exotiques,
- Dépôts monétaires,
- Etc

avec toutes sortes de provisions diverses.

A croire que le château et la grande tour particulièrement, tenaient à la fois de garde-meuble et de caverne d’Ali Baba.

Guillaume de BEAUFORT, propriétaire d’innombrables terres, avait également acheté la baronnie de Bagnols aux héritiers du Cardinal ORSINI. Il s’avérait être également le propriétaire des châteaux de Verfeuil, Montclus et Vénéjean.

D’importants travaux de restauration, dirigés par Louis, Duc d’ANJOU et frère du Roi de France Charles V, sont donc exécutés à Cornillon en 1371 et 1372, en attestent les lettres de Grégoire XI adressées au Roi.

Comme évoqué précédemment, le château est doté de deux chapelles, la première dédiée à Saint-Martial apôtre du Limousin (les BEAUFORT sont issus de cette région) contenait une gigantesque réserve d’argenterie et d’objets d’art tandis que la seconde, vouée à Saint-Jean ou Saint-Jean Baptiste dispose d’une tourelle servant de clocher dans lequel sont implantées 2 cloches.

Le Palais des Papes en Avignon est également agréé de 2 chapelles consacrées aux mêmes saints que ceux de Cornillon où à l’extérieur de l’enceinte, se trouvaient allumés en permanence la nuit, sept feux (foyers) autour d’une chapelle.

En 1383 et durant toute l’année, le château de Cornillon fait l’objet d’un siège par les TUCHINS et le jeune Raymond ainsi qu’un serviteur appelé « Lo Bieto » sont fait prisonniers. Ils furent libérés suite à l’intervention d’une mission commandée par le viguier de Bagnols, Maître de SARNHAC.

En 1385, Raymond de VALERNES quitte Cornillon pour rejoindre ses domaines provençaux où il meurt en 1340 et sera inhumé en l’Eglise Saint-Martial en Avignon. Sa pierre tombale se trouve d’ailleurs au Musée du Petit Palais.

En 1391, la seigneurie revient au demi-frère (issu d’un précédent mariage) de Raymond de VALERNES : Marc de BEAUFORT-CANILHAC. Elle sera propriété de la famille jusqu’en 1575, date à laquelle Jean de BEAUFORT procèdera à un échange.

Cornillon entre donc à cette époque dans le patrimoine des MONTMORENCY, seigneurs de Chantilly.

En 1559 durant les guerres de religion qui furent particulièrement sanglantes, des troupes protestantes assiègent le village et brûlent les maisons et l’ancienne église située hors des remparts.

En 1562, ce sera au tour des catholiques de menacer le village mais celui-ci retombera aux mains des protestants en 1573.

En 1632, Henry de MONTMORENCY alors gouverneur du Languedoc, se soulève contre l’autorité royale. Vaincu, il sera décapité la même année à Toulouse et Louis XIII ordonnera le démantèlement de ses possessions notamment les châteaux de Bagnols et de Cornillon ; la destruction des biens cités et des remparts sera confiée à un maçon de Montélimar.

C’est alors que le Prince de CONDE, cousin du Roi, époux d’une des sœurs d’Henry de MONTMORENCY, enrichie d’une partie des dépouilles de son beau-frère, prit la défense de ses nouveaux sujets.

Une lettre du Roi, datée du 15 mars 1633, informe le commissaire de Bagnols de ne pas toucher aux murailles et aux châteaux de Bagnols et de Cornillon. Malheureusement, la destruction était commencée. Aussi, le commissaire, DUPUY, en perdit sa charge et Cornillon son château avec le décrénelage des remparts.

C’est également à cette époque que la chapelle castrale (devenue église paroissiale bien avant cette date) fut enrichie d’une voute et recouverte. Il semble aussi que c’est en cette période, que les terrains situés autour de l’actuelle Basse-Rue ont été lotis.

Le bâtiment dans la cour du château tel que nous le connaissons aujourd’hui date également de cette période.

La seigneurie est ensuite acquise vers 1661 par François de GABRIAC puis en 1679 par Hector de SIBERT pour 25 000 francs. D’origine protestante puis ralliée au catholicisme lors de la révocation de l’édit de Nantes, la famille de SIBERT jouera un très grand rôle à Bagnols sur Cèze.

Charles de SIBERT, fils d’Hector, deviendra à partir de 1693 sous le règne de Louis XIV, maire perpétuel de Bagnols, grand Viguier et Conseiller Royal. Toutefois, les descendants de la famille SIBERT abandonneront Cornillon et vendront une grande partie de leurs biens à la veille de l’Empire.

[…]

Pendant la période révolutionnaire, un important cahier de doléances daté du 12 mars 1789, reposant sur 52 articles est établi, signé par FONTANILLE, CARME, CARME de PRADINES et BORRELY consul. Ce document, étonnamment riche, analyse avec beaucoup de pertinence les problèmes inhérents à cette époque en dénonçant les privilèges caducs de la noblesse et du clergé, sollicitant l’abaissement des impôts, la réforme de la justice et de l’armée. Il s’adresse même aux Etats Généraux pour que ceux-ci aboutissent à un fonctionnement plus démocratique de la part du gouvernement du Royaume.

[…]

Remarques de Monsieur PIGOT, auteur de cet article :

Il faudrait également évoquer le Cornillon du XIXème siècle avec ses cafés, ses maréchaux ferrants, l’élevage du ver à soie (confer l’article de Maitre ROVERY sur la croix de Yokohama), le développement des hameaux déjà cités au XVème siècle, le château de FORTUNIE et bien d’autres lieux encore, ainsi que l’époque tragique de la 1ère guerre mondiale pour laquelle la commune de Cornillon paya un lourd tribut.

Il reste à espérer que le riche patrimoine historique et archéologique de Cornillon, non encore découvert, puisse l’être un jour pour la mémoire d’une part, de ceux qui l’ont habité au cours des siècles et pour le plaisir et l’enrichissement d’autre part, de ceux qui y vivent aujourd’hui.

Il n’est pas possible d’évoquer toutes les sources historiques existantes (registres paroissiaux, notariat, archives de l’Evêché d’Uzès, histoire du Languedoc, etc.) qui se trouvent dans les archives départementales du Gard, du Vaucluse, des Bouches du Rhône et de la Bibliothèque Nationale de Paris.

On peut toutefois consulter :

- L’inventaire du Château de Cornillon réalisé en 1830 par le Chanoine ALBANEZ,
- Cornillon, ses seigneurs, ses prieurés et ses curés par le Chanoine ROMAN,
- Le journal de Bagnols de 1627 à 1633 par Gérard MARQUIE.

Avertissement : Toute utilisation partielle ou totale des éléments contenus dans cet article doit obtenir l’accord de M. Jean-Claude PIGOT et comporter son nom.

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